L’article illustre le parcours linguistique et d'autotraduction de Nancy Huston pour montrer que les polémiques suscitées par l’attribution du prix du Gouverneur général du Canada à la version française de Plainsong (1993) ont profondément influencé sa production littéraire et essayistique. Romain Gary et Samuel Beckett deviennent ses génies tutélaires : les essais que Nancy Huston leur consacre entre 1995 et 2000 revendiquent l’ambiguïté irréductible de leur in-between linguistique, qui est aussi celle de l’écrivaine. Ils montrent aussi une troisième voie, où les langues, et les dédoublements qui en dérivent, ne seraient plus en opposition, mais en compréhension réciproque, l’une acceptant l’autre. Cette position est examinée dans Instruments des ténèbres (1996) où les dédoublements narratifs, linguistiques et textuels sont analysés comme autant d’autobiographèmes, montrant que l’auteure incarne dans des personnages romanesques ses propres doubles linguistiques et identitaires. L’article se termine sur quelques considérations sur l’évolution des configurations du dédoublement et de l’autotraduction dans Lignes de faille (2005) et Danse noire (2013). Mots-clés: autotraduction, in-between linguistique, dédoublements

AUTOTRADUCTION ET FIGURES DU DÉDOUBLEMENT DANS LA PRODUCTION DE NANCY HUSTON

SPERTI, Valeria
2014-01-01

Abstract

L’article illustre le parcours linguistique et d'autotraduction de Nancy Huston pour montrer que les polémiques suscitées par l’attribution du prix du Gouverneur général du Canada à la version française de Plainsong (1993) ont profondément influencé sa production littéraire et essayistique. Romain Gary et Samuel Beckett deviennent ses génies tutélaires : les essais que Nancy Huston leur consacre entre 1995 et 2000 revendiquent l’ambiguïté irréductible de leur in-between linguistique, qui est aussi celle de l’écrivaine. Ils montrent aussi une troisième voie, où les langues, et les dédoublements qui en dérivent, ne seraient plus en opposition, mais en compréhension réciproque, l’une acceptant l’autre. Cette position est examinée dans Instruments des ténèbres (1996) où les dédoublements narratifs, linguistiques et textuels sont analysés comme autant d’autobiographèmes, montrant que l’auteure incarne dans des personnages romanesques ses propres doubles linguistiques et identitaires. L’article se termine sur quelques considérations sur l’évolution des configurations du dédoublement et de l’autotraduction dans Lignes de faille (2005) et Danse noire (2013). Mots-clés: autotraduction, in-between linguistique, dédoublements
2014
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